En 1982 sort un petit nouveau dans paysage de l’horreur audiovisuel. Son nom ? "Poltergeist". Produit par
Steven Spielberg (toujours sur les bons coups, déjà à l’époque) et réalisé par Tobe Hooper, le film rencontrera le succès qu’on lui connait jusqu’à en devenir une référence du genre qui engendrera deux suites dont on taira le nom. 2015, et sa panne d’inspiration cyclique oblige, c’est donc à un remake de l’œuvre cultissime auquel nous avons le droit pour bien débuter l’été. Le Quotidien du Cinéma vous propose de traiter l’œuvre comme originale, à part entière, pour éviter une polysémie qui, ici, n’aurait de sens.
Le hasard fait que ce mercredi 24 Juin 2015 ce n’était pas un mais deux films d’horreurs que nos salles de cinémas nous proposaient. "Unfriended", œuvre originale donnant la part belle aux traques via le 2.0, et "Poltergeist" donc, qui met en scène de nouveaux arrivants dans une maison hantée. Aie ! Vous le constatez, ça commence déjà mal. Très mal. Si dans les années 80, cette simple ligne suffisait à lancer un bon film d’horreur et faire grincer les dents, il est de nos jours inconcevable de proposer un film au pitch de base aussi plat. On tombe dans le cliché, on y reste.
Ainsi la famille est composée de parents plutôt absents, d’une adolescente cruche accro aux nouvelles technologies, d’une petite fille qui peut voir et parler aux esprits… Pendant une heure et trente minutes, pas une seule fois mon cœur n’a palpité ou sursauté. Je suis restée stoïque devant ce très moyen téléfilm. Parfois agacée, devant ce père qui ne semble pas plus surpris que cela que sa petite fille lui parle de l’au-delà. Ou que, le réseau se faisant rare, l’écran du smartphone devienne tremblant, neigeux puis… noir. Noir ? Sérieusement ? Mais quel rapport existe-t-il entre le réseau et le fonctionnement global de l’appareil, sa luminosité ? Sans être une férue des détails techniques, j’en ai perdu quelques cheveux je ne vous le cache pas.
Des cheveux, je m’en suis arrachée une bonne autre poignée. Quand la famille combat un écureuil sauvage par exemple, épique. Ou quand Griffin, garçon marginal tente tant bien que mal de prévenir que quelque chose cloche en ces lieux, en vain. Là où le bât blesse, c’est que le film veut trop bien faire son rôle de remake. Si l’original a marqué son temps et effrayé nombre d’entre nous (enfin pas moi, je n’étais pas encore née), nul doute qu’aujourd’hui il ne tient plus vraiment la route. Même techniquement, où contrairement à un film de George Romero, l’aspect d'ensemble a très mal vieilli. Domaine où ce nouveau "Poltergeist" grappille tout de même quelques points. La 3D est bien utilisée, les couleurs bien léchées. On regrettera juste l’utilisation de la 3D pour représenter les âmes en peine plutôt que de vrais comédiens ce qui aurait été bien plus effrayant à mon sens.
Autre petit point positif, car tout n’est pas à jeter : la reconnaissance de notre monde et de son passé horrifique. Je m’explique. La scène d’ouverture nous laisse apercevoir le jeune Griffin jouer à un survival-horreur sur sa tablette. Contrairement à d’autres œuvres comme la série "The Walking Dead" par exemple, ici les personnages ont tout à fait conscience qu’une vie existe après la mort. Ceci s’illustre notamment par une émission type « cauchemar en cuisine », mais version ghosbuster dont l’adolescente est gaga. Voilà peut-être pourquoi ils sont si peu étonnés que leur maison, construite sur un cimetière (l’idée du siècle), est hantée de toute part. Une idée sympathique pour tout autre genre de film comme un drame ("
Maggie") ou une comédie ("Shaun Of The Dead") mais pas pour un vrai film sensé flanquer des incontinences. Voir des personnages pourtant démunis et vulnérables garder leur sang-froid face à une situation jugée « lambda » ne peut que nous réconforter.
Après cet d’océan de navets d’horreur tous plus pénibles les uns que les autres ("
Pyramide", "
Ouija"), ce "Poltergeist" 2.0 relève quelque peu le niveau sans pour autant réussir sa mission première : nous effrayer. Sur ce point-là, c’est même totalement raté, et l’aventure tant plus à ressembler à une balade en vélo plutôt qu’à un rollercoaster au parc Astérix...
