Critique Quotidien du cinéma : Every

Je me méfie comme la peste des films réunissant un casting cinq étoiles. Bon, non pas que j’affectionne particulièrement Charlotte Gainsbourg, malgré son statut de « bijou national ». Mais James Franco et Rachel Mc Adams ? Mince, mes jambes m’embarquent dans la salle à leur simple appellation sans même que je me rende compte.

 

Autant vous le dire de suite. Ce film n’est pas une réussite. La faute à un scénario quelque peu bancal et des acteurs ne croyant pas vraiment en leurs propres performances… Amatrice de la filmographie de James Franco, l’acteur au sourire de travers n’a jamais été aussi fade. Une honte quand on connaît sa polyvalence, pouvant passer d’un humour bien gras (avec son scandaleux "L’interview qui tue") ou à des films bien plus profonds ("Palo Alto", "127 heures"). Et ce n’est certainement pas ses collègues qui relèveront le niveau. Parité des sexes obligent, Charlotte Gainsbourg et Rachel Mc Adams sont tout aussi mortifères (cette dernière jouant les guest-stars plus qu’autre chose…). Cela étant, faut-il blâmer les acteurs quand la personnalité de leurs personnages, excluant toute extravagance, est limitée au possible ?

 

L’effet lexomil ne s’arrête malheureusement pas là. Le film manque cruellement de rythme, de vivacité. Il traîne en longueur, multiplie les plans séquences de quelques secondes seulement. Il fait parfois penser aux cadres numériques près de la cheminé affichant en mode « diapo » vos plus belles photos de famille. Et il faut bien l’avouer. La photographie (en particulier hivernal) n’est pas si mal. Disponible en 3D, cela rend l’effet encore plus joli. Mais cela ne vous empêchera pas de vous hypnotiser, de vous plonger dans un profond sommeil… Jusqu’à la fin du film.

 

Car oui, et c’est là le pire défaut de "Everything will be fine". La fin dévoile une idée, une potentialité absolument pas exploitée, que je ne développerais pas d’avantage ici. Mais indice : ça sent l’urine ! Les plans angoissants se succèdent, tiennent en haleine. Pas même le calme implacable de monsieur Franco suffit à nous rassurer. Voici ce qu’aurait pu, ce qu’aurait dû être le film : un drama psychologique puissant, un thriller angoissant. La course-poursuite entre un écrivain coupable et un stalker épris d’une curieuse et malsaine fascination. A la place, nous avons le droit à un portrait maussade de la culpabilité, où le pathos est inexistant, où l’austérité et la condescendance règne d’une main de fer. Quel regret !