Il est 19 heures, j'entre dans l'UGC Cinécité de Lille. Je me dirige vers les caisses et demande un place pour "Wild", la nouvelle réalisation de Jean-Marc Vallée connu entre autres pour "
Dallas Buyers Club" et "Café de Flore".
Il me reste un peu de temps avant la séance, je décide de me renseigner un peu sur le film. L'actrice est Reese Witherspoon. Bizarrement, je me souviens d'elle que pour des films comme "La revanche d'une blonde" ou "De l'eau pour les éléphants". Son talent a toutefois déjà été récompensé par l'Oscar de la meilleur actrice pour "
Walk The Line" en 2006. C'est elle qui a vu le potentiel de l'oeuvre biographique de Cheryl Strayed et qui lui en a demandé les droits. Star et productrice, elle s'offre le rôle d'une femme abattu
e par la vie qui espère trouver la rédemption dans une longue randonnée solitaire.
Pour ce rôle Reese Witherspoon est, pour la seconde fois, nommé au Oscars. Je me dirige donc vers la salle obscure et là, premier choc: la salle est pleine. Après déjà une semaine d'exploitation, je ne pensais pas trouver un tel engouement pour ce film... Dans cette atmosphère surchargée, le film débute. Paysages montagneux et halètements, le visage de Reese Witherspoon apparait sans artifice. Une heure et cinquante-six minutes plus tard, les lumières se rallument. Mon voisin lance "
Bon, je rentre et je fais mes bagages" et il résume bien l'avis général. Une envie de partir, de marcher pendant des kilomètres se fait sentir, mais pas bien longtemps...
"Wild" ne peut échapper à la comparaison avec "Into the Wild". Si l'on souhaite suivre un personnage à la recherche de lui-même dans de merveilleux paysages, c'est ce dernier qu'il faut voir. Car, malheureusement, "Wild" ne va pas assez loin dans l'intention. Il manque de dureté, d'âpreté. Suivre les 1700 kilomètres et plus de Cheryl sans ressentir l'épuisement, la douleur ni même une certaine forme d'absurdité laisse un goût amer. Pourtant, l'actrice ne fait pas défaut au personnage, l'implication est réelle. Le problème viendrait plutôt du scénario. La marche est inlassablement entrecoupée de flash-back qui empêche de s'attacher au périple de l'héroïne. Le réalisateur tente de nous raccrocher à l'essence du film en multipliant les cadrage serrés autour du visage de Reese Witherspoon. Mais, par ce procédé répétitif, il agace. Et, il me semble que l'esthétique du film gagnerait en splendeur avec plus d'attention accordé aux paysages...
Présenté comme mêlant voyage intérieur et extérieur, "Wild" se concentre un peu trop sur la psychologie du personnage et pas assez sur sa confrontation à la nature sauvage. Le talent de Reese Witherspoon sauve le film. Sans elle, il serait raté, ici il est juste bon.